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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 00:37

Alors que le CHU de Liège vient en quelque sorte d'inaugurer l'ère du bon sens en matière de vaccination hospitalière puisqu'il ne propose désormais plus la vaccination antigrippale gratuite, mais ô combien inutile, de son personnel, certains nostalgiques s'offrent quelques lignes dans le journal du médecin et semblent encore caresser le secret espoir, assez irréaliste, de pouvoir faire machine arrière.

 

Retour sur cette situation ubuesque.

 

D'un côté, des personnes soucieuses de tirer les leçons d'une politique idéologique coûteuse et énergivore, qui n'a vraisemblablement pas emporté l'adhésion de beaucoup de soignants et de l'autre, cette "élite scientifique" qui semble trépigner, tel un enfant roi capricieux, parce qu'elle voudrait encore se faire obéir au doigt et à l'oeil, comme "au bon vieux temps". Cet écart entre les deux tendances s'apparentant à l'écart qu'on retrouve, sans cesse croissant, entre la caste dirigeante totalement déconnectée de la réalité et la population, au contraire toujours plus désireuse de bon sens et de pragmatisme.

 

Comme chaque année, le Journal du Médecin, qui abonde de publicités pour divers médicaments et vaccins (dont des vaccins antigrippaux, nous soulignons) fait la part belle à l'inauguration de la campagne vaccinale contre la grippe saisonnière.

 

Cette année, ils n'y sont pas allés de main morte en titrant ainsi en première page:

"Campagne de vaccination contre la grippe: pourquoi devenir un maillon fort?"

 

L'introduction de l'article précise d'emblée: " "Docteur, vous êtes vacciné contre la grippe?" osent certains patients. Pour les soignants qui hésitent ou se posent des questions, le Pr Yves Van Laethem, chef de clinique du service d'infectiologie au CHU Saint-Pierre, à Bruxelles, fait tomber quelques a priori, des approximations et plusieurs idées fausses sur la vaccination. A lire, à l'heure du lancement officiel de la campagne de vaccination contre la grippe."

 

S'ensuit un article-interview réalisé par Pascale Gruber où les propos du Pr Van Laethem sont "organisés" en fonction de 7 idées fausses auquelles il prétend apporter sa réponse d'expert.

 

Tout commence par "la bonne vieille ficelle" de la dramatisation:

 

"De fait, la grippe ne concerne que 5 à 10% de la population. Statistiquement, tout le monde peut donc bénéficier de nombreuses "bonnes années". Mais, aussi, se retrouver avec une grippe "a minima" (pas trop forte). Ou d'une durée de celles qui vous plongent au lit et pour plusieurs jours! Contrairement au VIH, dont on sait qu'il ne peut pas pénétrer dans l'organisme chez 1% de la population occidentale, on n'a jamais trouvé de personne insensible à la grippe!"

 

Après suit l'autre ficelle bien connue de la culpabilisation:

 

"On peut imaginer qu'un soignant consciencieux, qui tousse un peu, ne se sent pas très bien, et dont la fièvre ne dépasse pas 37°7 ou 37°8, va prendre du paracétamol pour tenir le coup...et aller travailler. Au risque de transmettre le virus."

 

Vient alors la ficelle de la solidarité. En la matière, le Pr Van Laethem admet déjà que la plupart des sujets de plus de 65 ans ont moins d'une chance sur deux d'être "protégés" par la vaccination pour laquelle ils subissent pourtant un matraquage considérable.

 

Répondant à la 3°"idée fausse" selon laquelle il faudrait s'arrêter aux seuls "groupes à risques", Yves Van Laethem nous offre alors quelques autres belles analogies très convaincantes et hautement scientifiques dont il a le secret:

 

"En réalité, en vaccinant les personnes âgées ou les patients à risque, c'est comme si on leur faisait enfiler un gilet par-balle, comme le porterait le président des Etats-Unis. Mais, pour les (et le) protéger plus complètement, il faut y ajouter de bons gardes du corps et des voitures blindées: tel est le rôle de la protection donnée par la vaccination des soignants et, dans certains cas, de l'entourage."

 

Ahhh, ces bonnes vieilles métaphores guerrières qui viennent toujours à la rescousse quand on a épuisé toutes les autres! Ca change et ça complète à la fois celles sur le "steack frites" et "le speculoos" que le Dr Van Laethem nous avait déjà servies en guise d'explications lors de l'émission radio de mars dernier et que le public n'est sans doute pas près d'oublier de si tôt!

 

Et puisqu'on parlait de solidarité, le Pr Van Laethem en profite pour "préparer" l'opinion sur le genre de recommandations qui pourraient bientôt être faites au public, confirmant en cela les récents propos du Pr Van Ranst dans une vidéo sur le sujet :

 

"Autre piste à suivre: les plus grands transmetteurs du virus de la grippe sont... les enfants! Si on veut mettre une barrière à cette transmission, il faudra peut-être, comme aux Etats-Unis recommander leur vaccination. L'EMA (Agence Européenne du Médicament) étudie actuellement un vaccin vivant atténué par voie nasale, déjà commercialisé aux USA et destiné aux moins de 18 ans non immuno-déprimés."

 

On remarquera qu'ils n'ont pas osé cette fois inclure dans "les idées fausses" le fait que le vaccin antigrippal peut engendrer des réactions graves pour nous ressortir leur baratin ultra usé sur les effets limités à "une simple douleur ou rougeur au point d'injection".

Leur stratégie? Ne surtout pas aborder ce sujet ultraglissant!

Au lieu de ça, pour donner tout de même l'illusion de ne pas éluder le sujet, ils ont juste mentionné, dans leur réponse à l'"idée fausse n°4" (Le vaccin peut donner la grippe), le syndrôme de Guillain-Barré, comme étant davantage à craindre après une grippe qu' après un vaccin. Comme si ce syndrôme était LE SEUL effet secondaire grave à craindre!

 

L'idée fausse n°6 ("Le prosélytisme, c'est forcément mal") apporte des éléments de réponse assez croustillants et constitue sans doute une pseudo-réponse déguisée à un récent article publié sur le site d'Initiative Citoyenne et intitulé "Le prosélytisme forcené des obsédés de la vaccination". La ficelle qui est ici à l'oeuvre pourrait en somme un peu se résumer par le "passe le mot à tes copines" abondamment utilisé par les fabricants pour mieux manipuler les jeunes au sujet de la fameuse vaccination anti-HPV.

 

Le Pr Van Laethem commence par affirmer "Aucun spécialiste n'a un quelconque "intérêt" à faire vendre des vaccins." Sans rire, vous y croyez vraiment Mr Van Laethem?

 

Et de poursuivre: "Il nous revient néanmoins de réfléchir à la meilleure protection possible des personnes le plus à risque personnel de complications. Cela implique d'essayer de mieux cibler les personnes et leur entourage pour lesquelles un vaccin aurait un sens. Ainsi, une vaccination d'un homme ou d'une femme entre 40 et 65 ans, un peu obèse ou fumeur ou avec des pathologies sous-jacentes (et pour lequel la virose risque d'avoir un impact plus important) se justifie pleinement si, de plus, cette personne s'occupe de sa vieille mère qui ne sort presque plus de chez elle..."

 

Non seulement les conflits d'intérêts des experts "leaders d'opinion" comme Mr Van Laethem induisent inévitablement une sorte de "réciprocité" et donc, de fait, une impossibilité d'ordre psychologique, d'évaluer et surtout de critiquer au besoin des produits que ces firmes commercialisent mais de plus, comme l'explique aussi la revue belge d'Evidence Based Medicine Minerva, tout conflit d'intérêt quel qu'il soit "interfère avec le jugement clinique et nuit à l'intérêt des patients".

 

Voilà donc pourquoi à en lire les propos de ces experts "leaders d'opinion", il est finalement si facile de "remplir les critères" destinés à élargir de façon lucrative la vaccination à TOUT LE MONDE (gens "un peu obèses", fumeurs, en contact avec une personne isolée etc).

Voilà aussi pourquoi, on en arrive à des discours qui n'ont plus rien de scientifique et dont l'illogisme peut sauter aux yeux car enfin, on voit mal le Président des Etats-Unis porter un gillet par balle qui aurait une efficacité de 50% ou moins!

 

En outre, il ne faut pas non plus oublier l'intérêt direct de divers experts de "faire vendre des vaccins" en raison d'actions qu'ils peuvent détenir dans diverses firmes pharmaceutiques productrices de vaccins (ex: Pr Osterhaus), quand ce n'est pas les facultés auxquelles ils appartiennent qui en sont détentrices. La revue Books d'avril 2009 qui consacrait un dossier d'investigation au "scandale de l'industrie pharmaceutique" l'expliquait en ces termes:

 

"Nul ne connaît le montant total versé par l'industrie aux médecins, mais on estime, à partir des rapports annuels des neuf plus grands laboratoires américains, qu'il pourrait se monter à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an. Par de tels moyens, l'industrie exerce un contrôle considérable sur la manière dont les praticiens évaluent et utilisent ses produits. Ses liens d'envergure avec les médecins, en particulier ceux des facultés les plus prestigieuses, affectent les résultats de la recherche, la pratique médicale et jusqu'à la définition de la maladie. [...] Les firmes pharmaceutiques n'ayant pas un accès direct aux sujets humains, elles doivent sous-traiter les essais cliniques aux facultés de médecine- où les chercheurs utilisent les patients des hôpitaux et des cliniques universitaires- ou a des entreprises privées de recherche qui utilisent leur propre réseau de médecins pour enroler des patients. Si ces entreprises sont généralement plus réactives, l'industrie préfère s'adresser aux universités, en partie parce que la recherche y est plus sérieuse, et surtout parce que cela leur donne accès à des professeurs influents - qualifiés de "maîtres à penser" ou de "leaders d'opinion clés" (KOL: Key Opinion Leaders). Ce sont ceux qui rédigent les manuels et les articles des journaux scientifiques, publient des directives de pratique (recommandations de traitement), siègent à la FDA et autres comités gouvernementaux consultatifs, dirigent les sociétés savantes et prennent la parole lors des innombrables meetings et dîners organisés chaque année afin de former les praticiens aux nouveaux médicaments sur ordonnance. Pour une entreprise, rémunérer un "KOL" vaut de l'or. [...]  Voici quelques dizaines d'années, les facultés de médecine n'avaient pas de liens financiers importants avec l'industrie et les universitaires qui menaient des essais cliniques financés par une firme n'avaient guère d'autres attaches avec les groupes pharmaceutiques.

 

Mais aujourd'hui, les facultés sont prises dans un vaste réseau d'arrangements avec l'industrie, et sont rarement en position morale de reprocher à leurs enseignants de se conduire de la même façon. Une étude publiée en 2003 a révélé qu'environ deux tiers des centres de médecine universitaire détenaient des actions dans les entreprises finançant la recherche en leur sein. Une étude publiée en 2007 sur les chaires de médecine montre que deux tiers d'entre elles perçoivent des fonds des firmes pharmaceutiques pour leur département, et des rémunérations à titre personnel. Dans les années 1980, les facultés de médecine ont commencé à publier des directives régissant ces conflits d'intérêts; mais ces règles sont très variables, plutôt permissives et appliquées sans rigueur. Parce que leur soutien est conditionné à leur étroite implication dans tous les aspects de la recherche qu'ils financent, il est facile aux groupes pharmaceutiques de faire paraître leurs produits plus efficaces et plus sûrs qu'ils ne le sont."

 

Mais revenons à présent sur la position assez lucide du CHU de Liège et sa décision pionnière de ne plus organiser de vaccination antigrippale gratuite de son personnel.

 

Cette information est en fait doublement intéressante. D'une part parce que cette attitude marque un changement de ton et de mentalité qui n'aurait sans doute pas été possible avant la fausse pandémie de H1N1.

 

Et d'autre part, parce que cette attitude, somme toute fort dérangeante pour les industriels du secteur, est relayée de façon très différente dans la presse médicale et dans la presse "grand public", comme nous allons le voir ci-dessous.

 

La presse médicale comme le Journal du Médecin (qui est très clairement en porte-à-faux avec ses annonceurs dans pareil cas!) est évidemment beaucoup moins objective et beaucoup plus minimaliste dans l'information donnée là où le Soir a relayé la même information sous un jour quelque peu différent.

 

Ce contraste entre les deux sources d'information suffisant à démontrer comment on peut parfois presque faire dire tout et son contraire suivant l'ampleur des propos tronqués ou volontairement omis.

 

Voici comment le Journal du Médecin du 4 octobre dernier présente les choses:

 

 

JDM.jpg

 

 

 

Voici maintenant comment Le Soir du 5 octobre en parlait:

 

 Le-Soir-5-oct-11--surligne-jpg.jpg

 

Ces propos honnêtes du Dr Geneviève Christiaens, médecin hygiéniste au CHU de Liège, sont un véritable camouflet pour la tentative de dramatisation encore tentée la veille par son collègue Van Laethem dans le Journal du Médecin.

 

C'est un fait: les partisans de la vaccination tous azimuts sont véritablement en train de vivre leur retraite de Russie. Et appeler de façon pathétique les professionnels à "donner l'exemple" ou les appeler à "la solidarité" n'y changera vraisemblablement rien...

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